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Fragments littéraires
7 septembre 2012

Le congé sabbatique

Un tel arrêt de travail est si salutaire que je le prescrirais volontiers à tout un chacun,malade ou en bonne santé. La vie nous apparaît alors dans sa plénitude, généreuse de lumière, d'air et d'eau, d'amitié et de toutes sortes de choses que l'on a le temps de déguster. On se rend surtout compte que l'on peut exister sans avoir un devoir à remplir ou une bataille à mener. C'était tout nouveau et rafraîchissant pour moi.

Depuis, j'ai eu l'occasion de parler à plusieurs personnes qui ont dû cesser leur activité professionnelle en raison d'une épreuve de santé. Toutes sont unanimes pour dire que ce fut salutaire. La semaine dernière encore, un médecin, qu'une épaule fracassée a obligé à un arrêt de trois mois, me racontait comment cela lui a permis de redécouvrir la vie, la nature, les amitiés et l'amour de sa femme. Surtout, on a le temps de s'accueillir, de se comprendre, de renouer avec soi-même. Ce bien s'avère des plus précieux, car, je prends la peine de le redire, il est l'élément essentiel de la guérison intérieure.

Les deux ou trois semaines de vacances statutaires en Amérique du Nord n'offrent pas vraiment l'opportunité de reprendre le fil de l'intimité avec soi. Par contre, dès qu'un arrêt dure un peu, on a l'occasion de se détendre et d'oublier en partie le temps qui passe. La vie nous apparaît alors bien différemment. On se rend compte que l'on n'est pas sur Terre pour travailler. La dégustation d'instant en instant du cours de l'existence nous permet d'échapper au fil des jours. On se rattache au grand courant de fond de l'existence et la pure joie d'exister sans mission et sans mandat vient nous prendre pour nous apaiser et nous guérir.

Il faut sans doute une certaine dose de sécurité pour s'abandonner ainsi à l'intemporel. A certaines personnes, cela semble intolérable. Elles doivent continuer à travailler, car le sens de leur propre valeur leur vient essentiellement de leur activité professionnelle. Elles y trouvent la confirmation qu'elles existent. Et puis, il faut pouvoir se le permettre financièrement. Je dirai tout de même que toutes les fois où cela semble possible, il faut tenter de cesser toute activité pour se consacrer à des retrouvailles avec la vie. Cet arrêt des activités pour renouer avec ce qui est vivant en soi et autour de soi peut d'ailleurs se faire à l'occasion d'une période de méditation quotidienne. J'en parlerai plus loin. Car c'est la vie et sa beauté qui nous interpellent à travers la maladie, ce n'est pas la mort. Et c'est le goût de vivre qui influence notre guérison.

Guy Corneau "Revivre"

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