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Fragments littéraires
21 février 2012

Arrêtons de courir après le bonheur!

Roger POL-DROIT: Je ne crois pas à un bonheur permanent, comme il y a du maquillage permanent. Et l'idée qu'il suffirait de se dire heureux même dans les pires moments pour le devenir me paraît monstrueuse. Car c'est priver l'existence humaine de son rapport fondamental au malheur: on ne peut être heureux que si, par moments, on ne l'est pas. Aux conseils d'un docteur Coué je préfère donc la lecture de Sénèque, pour admettre que, même lorsque nous vivons de notre mieux, rien n'est jamais garanti; celle de Spinoza, pour comprendre qu'il y a de la nécessité dans le monde et que nous ne pouvons pas transformer nos caprices en dictature; et celle de Nietzsche, qui invite à dire un grand "oui" à la vie: un "oui" aux bonheurs et aux malheurs mêlés.

Pascal BRUCKNER: Il existe des moments de grâce qui vont et viennent et sur lesquels nous n'avons d'autre pouvoir que de les accueillir quand ils nous arrivent. Au-dessus du bonheur, je place une valeur supérieure: le romanesque. Je préfère une vie intense remplie d'imprévus, agréables ou douloureux, à une vie heureuse et monotone. Pouvoir accueillir cette existence avec ses revers et ses délices, aimer sans compter, s'exposer aux plus grandes jouissances et aux plus grandes souffrances, c'est peut-être cela que les Anciens appelaient "la vie bonne". Une vie où ce petit territoire appelé le bonheur n'aura pas été l'obsession.

Dossier: "Décider d'être heureux", psychologies magazine n°300

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